Reflections Sur La Reponse Au Covid Au Nigeria

Sr Rita Schwarzenberger, OP
Dominican Sisters of Peace

Ma réponse au COVID au Nigéria est colorée par des expériences personnelles qui ont eu lieu au début de l’information sur la maladie ici au Nigéria. J’étais à l’hôpital en train de me remettre d’une opération quand le Gouvernent a commencé de parler du COVID et du besoin d’engager des mesures contre la maladie. Un groupe de travail a été mis en place, et tous les soirs aux nouvelles, il y avait un rapport de presse sur ce qui se passait au niveau des mesures prises par le Gouvernement, tant en termes de structures qu’en termes de propagation de la maladie dans les différents Etats. Deux Etats ainsi que celui d’Abuja ont reçu l’ordre de de tout fermer.

Dans l’Etat de Kaduna, le gouverneur qui était parmi les premiers à annoncer qu’il avait été infecté, a ordonné un confinement total. Seul le personnel de l’hôpital et d’autres opérateurs des services essentiels étaient dispensés de confinement. D’autres, qui ont été pris ont reçu des amendes. Ce confinement a affecté la population de différentes manières. Les populations rurales ont pu manger les aliments qu’ils avaient sous la main, mais elles ne pouvaient pas commercialiser leurs produits de première nécessité pour pouvoir acheter ce dont elles avaient besoin. Les habitants de la périphérie de la ville principale se déplaçaient à pied pour aller pour acheter les articles de première nécessité dans les magasins du voisinage. Mais, tous ont crié que le Gouvernement essayait de les affamer et qu’ils allaient mourir de faim et non à cause du virus.

À Kaduna, durant le deuxième mois, le Gouvernement a initialement levé l’interdiction pendant un jour par semaine, pour permettre aux gens de vendre leurs marchandises. Les autres magasins n’avaient pas le droit d’ouvrir sauf s’il s’agissait de services essentiels, c.-à-d. stations-services, pharmacies, etc. Selon les directives du Gouvernement, le masque devait être porté, mais cela a été ignoré, et à cause du désespoir des gens de ne pas pouvoir acheter tout ce dont ils avaient besoin pendant les 24 h de liberté, il y avait beaucoup de pression et de bousculade dans les marchés, et la distance n’était pas du tout respectée. Après environ deux semaines, les jours ont été augmentés à raison deux par semaine. Mais là encore, les protocoles de sécurité étaient largement ignorés, mais le Gouvernement a tenté de mettre en place des zones de vente de produits alimentaires pour éviter que les marchés ne soient surpeuplés. 

Sr Julie venait tous les jours à l’hôpital pour m’apporter à manger. Elle était autorisée à passer les points de contrôle (tenus par l’armée, la police et d’autres corps de sécurité) parce qu’elle avait une carte nationale d’infirmière. Deux de nos employés, qui se sont relayées pour rester avec moi la nuit, avaient elles-aussi leur carte nationale de personnel de santé. Leur plus gros problème était le transport pour venir à l’hôpital, car les voitures et les bus ne circulaient pas en raison du confinement. Mais comme c’est le cas dans le système nigérian, les « grands » personnages ont pu me rendre visite, c.-à-d. les prêtres, les personnes haut-placées, etc. D’autres comme les paroissiens et le personnel ont pris le risque en évitant de se faire prendre.

Pour ce qui est du travail, la clinique a acheté des gants, du gel, du savon, des seaux et des conteneurs pour l’approvisionnement en eau, etc. Les patients arrivaient dans une situation où la distance sociale avait été établie à travers la mise en place de zones où l’on pouvait s’assoir. Les visites aux communautés rurales étaient limitées et la plupart des soins dispensés étaient directement liés à la pandémie. Une sensibilisation a été faite et a été accompagnée de la distribution des seaux, du savon, des masques, etc. Cela a été fait pour les groupes communautaires en général et, dans certaines communautés, pour les enfants. Une évaluation a été faite dans cinq communautés pour identifier les plus vulnérables, c.-à-d. les personnes âgées, les veufs (ves), les malades, les ménages monoparentaux, etc. On leur donnait des palliatifs tels de l’huile de cuisine, du bouillon en cube, du riz, du savon, etc., quand il y avait de l’argent pour ces marchandises.

Les lieux de culte n’étaient pas autorisés à ouvrir. Les gens ont célébré Pâques chez eux. Certains prêtres ont défié les ordres et au lieu de célébré la Messe dans leur paroisse, ils l’ont fait dans leur maison en présence d’un petit groupe de personnes ou bien ils allaient dans les zones périphériques de la paroisse pour célébrer chez quelqu’un. Dans ces cas-là, la distance sociale n’était pas respectée. Les gens aiment la Messe et ne se sont pas souciés du virus ; pour eux, il était plus important de célébrer la Messe. Plusieurs dimanches, la Messe était en direct en ligne et c’est ainsi que la plupart des gens ont « participé » à la Messe dominicale. La majeure partie de la population ne croyait pas en l’existence du COVID ; les gens pensaient que c’était une escroquerie du gouvernement pour recevoir de l’argent des organisations internationales. Ainsi maintenant, avec l’ouverture de la société, peu d’entre eux portent le masque ou prennent en considération la distance sociale. Les églises et les mosquées ne sont pas autorisées à exercer leurs services de culte. Parmi ceux qui ont doutés, il y avait des prêtres qui ont déclaré qu’il n’y avait pas de COVID au Nigéria et que les nombres de cas et de morts n’étaient que des chiffres inventés.

Leur opinion a été démentie il y a plusieurs semaines quand l’un de leurs frères, le p. Augustine Madaki, a été infecté et est mort en 3-4 jours. Il était diabétique et donc plus susceptible de subir les plus graves effets du virus. Beaucoup de ses amis (plus de 110 prêtres), de ses ex-paroissiens et des membres de sa famille ont participé à ses funérailles. La réalité de la maladie a été plus imagée par le fait que son cercueil n’a pas été emmené à l’église, mais directement au cimetière pour l’enterrement.

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