Premier dimanche de Carême : Jésus au désert
En ce premier dimanche de carême, Luc nous présente le récit de la tentation de Jésus au désert. Pourquoi Jésus a-t-il pris le chemin du désert ?
Jésus est venu sauver les âmes et il n’y en pas au désert. C’est le lieu de la profonde solitude. La compagnie brise la douleur et l’affaiblit, alors que la solitude la renforce, la redouble et la rend plus rude. Jésus est allé au désert pour ressentir dans son Humanité toute la dureté de l’isolement que la Divine Volonté avait enduré pendant des siècles de la part des créatures. En prenant entièrement sur lui-même la douloureuse part qui séparait l’homme et Dieu, et faire que les hommes s’attachent à nouveau à l’étreinte de leur Créateur.
Mais ce n’était pas la seule raison de son départ pour le désert.
En formant la Création, le Créateur établit que chaque lieu devait être habité et peuplé, et que la terre devait être extrêmement fertile et riche de nombreuses plantes, pour que tous vivent dans l’abondance. Gn 2, 4-17 L’homme, en péchant, a attiré l’indignation de la justice divine, et la terre est demeurée déserte, infertile, et dépeuplée en de nombreux endroits. Tout comme le ciel est peuplé d’étoiles, la terre devait être l’écho du ciel, bondée d’habitants, et produire en abondance pour les rendre tous riches et heureux. Mais lorsque l’homme a désobéi à Dieu, s’est retiré de la Volonté de Dieu, son sort a changé. Gn 3, 9-24
Jésus est allé au désert pour rappeler les bénédictions de son Père céleste et, en appelant le Règne de sa Volonté, restaurer la terre, la rendre plus féconde et d’une plus radieuse beauté. Chaque acte de Jésus avait valeur de Rédemption pour nous.
Dans l’Evangile de ce premier dimanche de carême, Satan, se présente à Jésus avec un extérieur sympathique. Si nous sommes attentifs et surtout en contact spirituel avec Dieu, nous pourrons reconnaitre et combattre les embûches du démon. Mais si nous sommes inattentifs au divin, séparées de lui par des tendances charnelles qui nous envahissent et nous rendent sourdes à la voix de Dieu, nous succomberons inexorablement à la tentation. Jésus conduit par l’Esprit Saint au désert pour prier et jeuner 40 jours, nous invite à la prière qui nous unit à Dieu et nous donne sa force et la clair vision pour apercevoir les pièges du démon dissimulés sous une apparence inoffensive.
En effet, les deux chemins que prend plus communément Satan pour arriver aux âmes sont l’attrait charnel et la gourmandise. Il commence toujours par le côté matériel de la nature.
Après l’avoir démantelé et asservi, il dirige l’attaque vers la partie supérieure. D’abord le côté moral : la pensée avec son orgueil et ses convoitises ; puis l’esprit, en lui enlevant non seulement l’amour, mais aussi la crainte de Dieu. L’amour divin n’existe déjà plus quand l’homme l’a remplacé par d’autres amours humains. C’est alors que l’homme s’abandonne corps et âme à Satan pour arriver aux jouissances qu’il poursuit, pour s’y attacher toujours plus.
Aux insinuations du diable, Jésus répond par le Silence et la prière. Il réplique à Satan uniquement quand il insinue qu’il est comme Dieu en utilisant la parole de Dieu. Il ne la supporte pas. Si Satan exerce son entreprise de séduction, on doit le supporter sans impatience et sans peur, mais réagir avec fermeté à sa présence et par la prière à ses séductions.
Inutile de discuter avec Satan car il est fort dans sa dialectique. Il n’y a que Dieu pour le vaincre, et alors recourir à Dieu qui parle par nous, à travers nous.
Il faut avoir la volonté de vaincre Satan, la foi en Dieu et en son aide, la foi dans la puissance de la prière et la bonté du Seigneur. Alors Satan ne peut nous faire du mal. Béni soit Dieu, maintenant et toujours !

Anasthasie Kissou, OP
dominicaine de la Présentation, Burkina Faso