Reconnaître la présence de Dieu dans la souffrance
Sœur Lillian Gehlen, o.p.
Dominican Sister of Peace
Wichita, KS USA
Durant la pandémie, beaucoup de souvenirs me sont revenus sur les épidémies que j’ai vécues dans le passé et qui m’ont aidé, tout au long de ma vie, à faire l’expérience de Dieu et à reconnaître sa présence dans la maladie et dans la guérison. Quand j’étais enfant, notre église a été fermée pendant un mois à cause de la poliomyélite. J’ai vu la tristesse de mes proches et de mes amis affectés par la maladie. J’ai réalisé la force qui émane des personnes qui mettent leur confiance en Dieu pour avoir la guérison et le réconfort. La vie a continué, les gens ont eu confiance que Dieu poursuivrait le processus de guérison, pour ceux qui étaient affligés par des handicaps permanents, et de réconfort pour les familles en deuil qui avaient perdu leurs chers.
Dans le monde en développement, les épidémies de choléra et de méningite m’ont appris les difficiles leçons à tirer de la maladie, de la mort et du rétablissement. Dieu semblait loin des huttes d’herbes utilisées comme chambres d’isolement et il fallait vraiment avoir la foi pour croire qu’Il s’en souciait. La croyance en Dieu était si forte que la foi ne pouvait être ébranlée mais, au contraire, seulement croître par la foi combinée de ceux qui soignaient et de ceux qui recevaient les soins. Il était évident qu’aussi bien la guérison que la foi étaient de formidables dons de Dieu. Je savais que Dieu était présent en donnant la force aux familles qui avaient perdu leurs chers et, en même temps, en donnant aux autres la guérison et la joie.
L’hépatite et la fièvre de Lasa ont pris la vie de patients, de médecins et d’infirmières. Des vies de service se sont brusquement arrêtées pour beaucoup de membres de familles et de professionnels compatissants. C’est la même chose pour la pandémie. Dieu a un immense amour et d’innombrables plans que seul Lui peut élaborer. L’acceptation de ces plans nous enseigne la valeur de l’amour et du service, qui sont les choses les plus importantes dans la vie. Les épidémies ne sont pas aussi massives que les pandémies, toutefois les leçons demeurent étroitement liées.
Le passé a été un grand professeur dans ma réponse à la pandémie du COVID19. Le monde entier est en train de vivre ce que des pays moins fortunés vivent, si fréquemment, à une plus petite échelle. L’inévitable isolement qui accompagne les maladies contagieuses est toujours présent. Les grandes avancées technologiques ne sont pas la solution. Même lorsque je ne peux pas comprendre la terrible nature de la maladie, Dieu est là ; me disant que je suis responsable. Dieu a donné à chacun de nous la grâce d’être le gardien des autres, en nous aidant les uns les autres de manières petites ou grandes. Cette grâce était une lumière brillant dans l’obscurité du désespoir et apportant l’espérance. Être en première ligne dans la profession d’infirmière m’a beaucoup manqué. La pandémie m’a appris à être pour la vie en portant le masque, en encourageant les autres à le faire et à en coudre pour ceux qui n’en ont en besoin. Sous un masque, je peux dire « merci » et donner une parole de bénédiction. Durant les temps de stress dus à l’inconnu, l’ordinaire devient extraordinaire et donne de l’espérance à ceux qui sont seuls et qui ont peur.
Le monde peut être à la fois plus nerveux et plus silencieux en acceptant les rencontres avec l’inconnu. En cas d’épidémie ou de pandémie, la souffrance et la mort sont des réalités. La souffrance apporte la guérison, la croissance, et la reconnaissance ainsi que l’acceptation du plan providentiel de Dieu élaboré pour chacun individuellement. Chaque personne sera appelée à accepter les changements transformationnels appris durant la pandémie, puisqu’elle devra s’adapter à un monde post-pandémie différent et même étrange. Le temps de la guérison sera d’une extrême importance ; ainsi qu’apprendre à vivre dans un monde différent. Oui, Dieu est présent et nous bénit chaque jour en nous donnant la sagesse nécessaire pour l’avenir.